Alternative et créative ? Maria Montessori, sa vision de la réalité et du rêve

par | Nov 24, 2017 | Parentalité créative, Pédagogie créative

 

Échange avec Luciano Mazzetti, Lucio Lombardi et Sourour Pivion

 

Rencontre autour de la pédagogie de Maria Montessori

Je vous présente Luciano Mazzetti, Lucio Lombardi et Sourour Pivion : deux italiens et une tunisienne passionnés et passionnants.

Luciano Mazzetti compte 50 ans d’enseignement en pédagogie à l’université de Rome. Il est le fondateur et le président du centre international Montessori. Il a voulu répandre la pensée de Maria Montessori qui a fondé en 1907 la première maison des enfants à Rome. Aujourd’hui, son enseignement est plus que jamais d’actualité dans notre pays. Luciano a fondé le centre international Montessori, convaincu qu’il est préférable de pratiquer l’éducation plutôt que de la théoriser.

http://www.centrointernazionalemontessori.com/wpsite/il-professore-luciano-mazzetti/

Cet entretien avec lui va nous permettre de connaitre et de mieux comprendre la vision de Maria Montessori sur la créativité chez l’enfant.

 

Lucio Lombardi est le directeur de la fondation Montessori de Chiaravalle.

https://www.youtube.com/watch?time_continue=22&v=ahxCB0kJ4VI

 

 

Sourour Pivon est la fondatrice de quatre écoles Montessori, dont une à Montreuil en 2006 et une autre à Tunis au lac 1 depuis 2014. Elle forme et accompagne de projets de maisons des enfants partout dans le monde. Voici une vidéo de présentation de l’ambiance de son école de Montreuil.

 

 

Créazine : Maria et les dessins d’enfants ?

Luciano :

Maria Montessori fut lourdement critiquée car elle a refusé les dessins des enfants, les considérant comme des gribouillages. À travers cela les enfants ne racontent pas leur histoire. Avant toute chose il faut comprendre l’évolution du dessin d’enfant avant de poser un avis. Aujourd’hui, on peut trouver de nombreuses recherches sur les gribouillages d’enfants et ses premiers pas vers l’écriture.

Luciano prend une feuille et se met à imiter l’évolution du dessin de l’enfant tout en nous expliquant la succession des étapes.

Dans un premier temps, le tracé d’un enfant n’est qu’un mouvement musculaire puis circulaire puis il soude les formes. Apparaît alors le bonhomme qu’il fait évoluer vers le pré-graphisme pour finir par occuper les extrémités de la feuille. Et ainsi, il aboutit au « frigo »  vu dans la maison comme transparente, une vue en coupe dans le jargon architectural.

 

 

 

 

Créazine : Maria Montessori et la critique sur sa position sur l’art et le dessin d’enfant ?

Luciano :

le plus grand critique des idées de Maria sur la créativité est Herbert Read « éduquer avec l’art », théorie basée sur les gestes créatifs comme intelligence de la pensée.

Avant tout pour bien comprendre tout cela, il faut faire un grand voyage par la psychiatrie.

« Notre vie mentale est basée sur notre rapport à la réalité. »

On peut avoir peur de la réalité et la fuir. Winicott en parle très bien. Pour lui deux comportements face à la réalité : fuir ou s’accommoder.

La fuite peut être saine, tout dépend de la volonté d’agir qui est cachée derrière la fuite. L’adolescence rêve les yeux ouverts et c’est très sain!

Il faut savoir que Maria a fait une partie de ses études sur le rêve et le rapport à la réalité. Elle cherche avant tout à aider les enfants à ne pas avoir peur de la réalité.

Pour elle : Créativité = fantaisie

Dans cette recherche d’accompagnement, elle demande la plus grande prudence avec les enfants, pour éviter le complexe d’infériorité et la peur de la réalité. C’est pourquoi, dans les écoles Montessori,  il n’existe qu’un seul exemplaire de matériel, il est cassable et lavable. Les objets réels du quotidien et leur manipulation avec soin donnent confiance à l’enfant.

 

Créazine : alors comment comprendre ce lien entre créativité et accommodement ?

Luciano fait référence à l’ouvrage de Vygostky « Créativité et l’imagination infantile ».

http://www.ac-grenoble.fr/ecole/74/maternelle74/IMG/pdf/le_role_du_jeu_dans_le_developpement_de_l_enfant_ageem2.pdf

 

J’ai fait quelques recherches sur cet ouvrage et voici ma synthèse. Dans cette œuvre «  l’Art et l’Imagination dans l’enfance », Vygotsky définit la créativité comme toute réalisation humaine créatrice de quelque chose de nouveau, qu’il s’agisse de reflets d’un objet quelconque du monde extérieur, qu’il s’agisse de déterminer les constructions du cerveau ou des sentiments, qui ne vivent pas et se manifestent que chez l’être humain. Vygotsky associe la créativité à l’impulsion combinatoire de l’être humain qui provient de sa possibilité à imaginer, à tisser des fantaisies, à projeter, à planifier le futur.

« Il existe de la création non seulement où les événements historiques ont leur origine, mais aussi où l’être humain imagine, combine, modifie et crée quelque chose de nouveau, même si cette nouveauté semble insignifiante si l’on la compare aux réalisations des grands génies. Si nous y ajoutons l’existence de la création collective qui réunit toutes ces petites découvertes, insignifiantes en elles-mêmes, de la création individuelle, nous comprendrons combien est-elle grande, la partie de tout ce qui a été créé par le genre humain et qui correspond à la création anonyme collective d’inventeurs inconnus »( Vygotsky, 1982, p.11).

http://www.inrp.fr/biennale/8biennale/contrib/longue/249.pdf

 

 

En conclusion, pour Vygotsky la créativité est la capacité à combiner les éléments de la réalité commune d’une manière magique avec fantaisie.

 

Créazine : Alors comment ne pas avoir peur de la réalité ?

Luciano : Pour le mexicain Octavio Paz, la créativité est une page blanche. Il faut avoir le courage de démarrer et d’écrire.

Petite critique et exemple de Luciano : Alors, oui. Les couillons d’enseignants ne sont pas des créatifs quand ils ne font que répéter la même choses les uns les autres. Il font des papillons tous pareils…

Dans ce cas-là, qu’est-ce qu’ils transmettent aux enfants ?

C’est dans la découverte que tout se passe.

Petite histoire raconté par Luciano : «  un jour un enfant dessine sa famille. La maitresse recherche le sens du dessin de l’enfant. La maitresse bien ennuyée. Elle questionne la famille car son dessin représente une famille de noirs, alors que la famille est blanche de peau. On finit par le questionner : sa réponse pour lui est évidente, le noir est la couleur la plus importante !

Pour finir Luciano nous rappelle la quête de Maria Montessori avait besoin de comprendre la différence entre la fuite et la réalité. Il conclut en disant ceci :

 « L’idée naît  avant l’usage et la technique. C’est le cas pour toutes les grandes découvertes. »

 

 

C’est ce que moi j’appelle la force créative!

Mille merci à Luciano, à Sourour pour la traduction en direct  et à Lucio pour leur partage d’expérience et leur générosité.

 

J’espère que cet entretien avec ces trois acteurs majeurs de l’univers Montessori vous  a permis de vous faire une idée de la vision de Maria Montessori sur la créativité chez l’enfant et de comprendre son approche dans sa pédagogie.

 

Merci à vous tous de me lire et de me suivre.  L’aventure ne fait que commencer.  Pour la suivre likez et partagez avec vos amis, venez me rejoindre, laissez des commentaires.

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